La sauvagerie fantasmé
/ PASSIF /
IMAGINAIRE /
C’est quoi une famille ?
C’est quoi un couple ?
C’est quoi la domestication ?
C’est quoi vivre avec un autre ?
Domestiquer l’autre.
Faire vivre un autre chez-soi.
Ou créer un chez-soi avec un autre.
Il y a que cette violence d’adaptation, de dressage, ne se limite pas aux animaux.
Moi, je fais de l’autre ce qu’on fait dans la chatterie avec le sphinx.
J’essaie de créer les gens qui peuvent vivre avec moi. n
Vanitas #12, porcelaine froide, 35x45cm, 2014
Les connaissances brutes ne sont pas suffisantes pour comprendre ce que nous sommes ou ce qui nous entoure. La génération actuelle en sait plus sur son environnement que l’homme le plus instruit de l’antiquité. En tournant son regard vers l’immensité de l’espace ou l’infiniment petit, un frisson d’angoisse se fait sentir. Dans cette immensité infinie qui s’ouvre à nous, quelle est notre place ?
Notre époque est celle de la rationalité portée en valeur cardinale. Face aux lumières de la réalité scientifique, le foie perd sa crédibilité et le sacre décline. Tout s’explique, rien n’a de sens. Un vertige se fait de plus en plus sentir. Un monde dénué de but, de vérité ou de valeur ne convient pas à tous.
Le rôle de la religion a été d’intégrer l’homme au réel en le reliant au cosmos, en lui fixant une origine et une fin. Avec sa disparition, nos sociétés cherchent douloureusement leurs repères. Ne sachant plus où elles en sont, le besoin d’un ailleurs pour échapper à l’asphyxie d’une existence ordinaire mortellement ennuyeuse et répétitive se fait sentir. De façon irrépressible, un mystère et un sacré sont revendiqués pour guider nos vies.
Les religions sont-elles le seul moyen de fournir l’essence et de combattre la peur du néant ?
Rattenkoning #7,encre sur vinyl, 35x45cm, 2013
Face au frisson d’angoisse, on pourrait presque même lui préférer l’ignorance. Une ignorance qui permettrait de se construire un espace fantasmé, d’enchanter l’existence, de s’inventer une place au centre du monde, de se penser brique élémentaire de l’univers. La compréhension est-elle incompatible avec l’émerveillement ? Savoir et nihilisme sont-ils indissociables ? La connaissance est-elle à l’origine de ce malaise des civilisations ?