Peut-on avoir du respect

pour un morceau de viande à notre merci ?

L’homme aime les animaux. Il ne viendrait à l’esprit de personne de faire du mal à son chat, son chien, ou, à n’importe autre animal de compagnie. Pourtant, l’être humain est un prédateur. Sa survie, comme pour tout autre prédateur, nécessite la saignée d’une proie. C’est un acte violent et injuste. Traquer et donner la mort, c’est faire preuve d’une bestialité incompatible avec les valeurs associer à un individu civilisé. Pourtant, de la chair animale est consommée.

L’émergence de la société, peu à peu, a transformé le dévoreur de chairs sauvages en consommateurs de viande d’élevage. La longue traque en forêt, avec, au final, un animal combattant pour sauver sa vie, n’est plus. La viande vient maintenant de différentes espèces de bétail. Contrairement à l’animal sauvage, le bétail est le résultat d’une amélioration artificiel opéré par la main de l’homme. Les races sont créées et orientées pour coller à des critères de performance, de productivité, et de rentabilité. En quelque sorte, l’homme a façonné des proies volontaires qui n’auront jamais la possibilité de sauver leurs peaux.

Avec le temps, les infrastructures productrices de viande, abatage comme élevage, se sont trouvées reléguées à l’extérieur des villes et des vies. Avec l’ère de l’industrialisation, elles se sont mécanisées et massifiées rendant épouvantable le quotidien de ces animaux. On ne sait pas vraiment ce qui s’y passe, comme une sorte d’étape floue. L’idée est qu’une bête entre, et au bout d’une « chaîne de désassemblage », de la viande, présenter de façon aseptisée, sort. La mort devient hygiénique. Le chasseur assumant, sans ambiguïté, l’acte de mise à mort a disparu. Pourquoi avons-nous peur d’assister à l’abatage ? Pourquoi avoir élaboré un système qui permet de donner la mort sans culpabilité ?