SLAUGHTERHOUSE

SLAUGHTERHOUSE   //     RÉEL  /   PASSIF  /

La série de tableaux Slaughterhouse est une production cyclique calquée sur le calendrier des rites de chasse européen.

De la fin de l’hiver jusqu’aux prémices du printemps, j’agis comme un chasseur traquant sa proie, observant, suivant, épiant la faune de ma campagne environnante, mais sans jamais tuer. C’est une période de retour au sauvage qui me transforme en un être possédé par le sang noir, une humeur corporelle liée au flux des bêtes de la forêt. Cette fureur est une force qui menace l’être civilisé.

Comme dans la tradition de chasse, en respectant le rituel de retour au monde éduqué, je tire profit de ce moment. Cette étape est celle de l’écoute, de l’admiration, de la contemplation. J’y produis de nombreux croquis ou je m’attache à saisir l’instantanéité, le mouvement de ma proie.

 

 

Durant cette même période, je réalise les tableaux de mes chasses de l’année précédente. Les animaux y sont représentés dans des scènes de survie, de combat, d’agonie, ou l’instinct animal prend la forme d’un ballet. Le tableau final est une image suspendue dans le temps avec un espace indéfinissable. J’utilise l’encre de stylo-bille sur de la toile tendue ; la répétition du geste se propose comme un rite aux gestes minutieux, répétitifs et obsédants, censé conjurer ma possession par le sang noir.

De la fin du printemps à la fin de l‘été, je laisse mes tableaux se détériorer. Sous l’action du soleil, l’encre de stylo noir, mélangée à de la graisse animale, prend des teintes brunes, mélangée à de l’acétone des teintes bleues et violettes. C’est la période où je me purifie du sang noir, m’autorisant, de ce fait, à retourner au monde civilisé.