La vertu du réel, la haine des Faibles

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Notre société humaine se construit avec l’aide d’un idéal de vertu. Il pousse les individus à coller à un modèle d’intégrité pour pacifier et facilite une vie en communauté. Altruisme, sensibilité, bonté, fraternité, confiance et empathie sont les caractéristiques d’un homme meilleur, d’un bon citoyen. Atteindre ce modèle permet d’arracher l’humain à sa condition de nature bestiale et pour vivre dans une société plus juste.

 

 

Slaughterhouse #2, stylo bille sur toile tendu, 165x135, 2009

Pourtant, la société contemporaine est celle du réalisme et du pragmatisme. L’individu, qui l’habite, est considéré comme autonome, maître de sa propre vie. Sa place, bonne comme mauvaise, il la mérite. Sa morale est celle du « chacun pour soi », mon semblable est un concurrent, la compétition est permanente pour la survie. Il faut être le plus fort quitte à écraser les autres. La vertu se transforme, alors, en faiblesse. Croire à la bonté humaine c’est s’accuser d’être un naïf. Ne pas concevoir le monde comme fondamentalement dangereux c’est perdre toute crédibilité. Pourquoi la société incite des individus à suivre un idéal de vertu si elle est un handicape ? Pourquoi vouloir construire un environnement plus juste si c’est pour finalement y appliquer la loi du plus fort ?

Justine #22, encre sur papier, 20x30cm, 2014

Justine #2, sculpture de platre, 25x 35cm, 2012

L’hypercompétitivité nous pousse à l’individualisme, l’entraide y paraît irréaliste et suscite, même, la haine. Elle sous-entend la dépendance d’un homme envers un autre. C’est admettre sa faiblesse et notre société haïe et méprise les faibles. Elle les maintient, même, sous le pouvoir considérable de la honte. La honte de ne pas pouvoir « gagner sa vie ». Un sentiment de ne pas être a sa place, d’être complément inadapté à son environnement s’installe. Cette situation est frustrante et provoque une impression d’injustice entre tous les sacrifices que nous faisons et que ne semblent pas faire les autres.