La sauvagerie du sang noir, La violence comme instinct

  RÉEL  /     PASSIF  /

« Je te frapperai sans colère et sans haine,

comme un boucher, comme Moise le rocher »

Charles Baudelaire, Spleen et idéal, Les fleurs du mal

 

Le monde du sauvage est chaotique. Il est dur, mais pas forcément injuste si l’on se place d’un point de vue biologiste et évolutionniste. Les bêtes qui y vivent sont soumises à la loi du plus fort. Cette force pousse à agir par pulsion, dans l’instant, sans vue à long terme. L’instinct régit ces actions amenant à vivre le réel pleinement sans notions de bien ou de mal. L’unique but est la survie.

Le monde civilisé, construit par l’homme, se pense moral et de raison. Il perpétue son principe par un ordre constitué de règles contrôlant ses habitants. Dans une société, telle que la nôtre, les rapports de force n’existent-ils plus ?

Slaughterhouse #2, stylo bille sur toile tendu, 165x135cm, 2009

Slaughterhouse #6, stylo bille sur toile tendu, 135x135cm, 2010

La civilisation voit le sauvage comme un autre monde menace implacablement l’univers organisé des hommes, car leurs envies respectives ne sont pas compatibles. Elle s’investit, donc, à effacer du comportement de l’individu cette force bestiale dévorante toujours prête à déborder. Peut-on réellement la faire disparaitre ?

La relation que l’être humain entretient avec l’instinct oscille entre attrait, répulsion, horreur et fascination. Bien que l’on ait dépassé notre condition animale par la puissance de notre cerveau une personne reste un être vivant parmi tant d’autres.

À force de vouloir éteindre nos pulsions, elles ne s’expriment en nous qu’à l’état de refoulé, une maladie du noir, une énergie à la fois sublime et terrifiante qui œuvre. N’arrivant pas à faire disparaitre le sauvage, la civilisation l’enferme dans des limites très précises pour qu’elle ne menace plus le fondement de l’édifice social construit sur la pensée. Cette dissociation entre l’esprit et la chair n’est-elle pas dangereuse pour la survie de l’espèce humaine ?

 

 

 

Jagdfieber #12, craie sèche sur mur, 400x270cm, 2014

Jagdfieber #11, craie sèche sur papier, 20x40cm, 2014

L’individu moderne se destine au silence face à la sauvagerie de sa forêt mentale. Survivre est cruellement douloureux. Tout être vivant croît, végète, et finalement meurt. Avec le raffinement d’une immuabilité atemporelle, cette fatalité de la vie est sans appel.